En ce jour anniversaire du funeste 21 janvier 1793, je ne peux m'empêcher de penser à cette phrase, du Maréchal Lyautey reproduite par Arnaud Teyssier, dans sa biographie : «Ce pays a commencé à se suicider en 1789, se donnant le coup mortel le 21 janvier 1793, et il en meurt, et ce n'est que justice.»
Je suis en total accord avec cette affirmation, ayant toujours pensé, à rebours de tant de gens qui croient que l'histoire de France a commencé en 1789, qu'en définitive la France était morte en 1789.
Il me souvient de ce 21 janvier 1993, où je me trouvais place de la Concorde en compagnie de quelques 10.000 personnes, afin de rendre hommage au Roi-martyr. L'initiative de cet hommage était due à Jean Raspail ; c'est le comédien, Jean Pierre Darras qui lut le testament royal. L'ambassadeur des Etats-Unis -montrant la reconnaissance de son pays pour le soutien que lui avait apporté Louis XVI lors de sa naissance- déposa une gerbe de fleurs, là même où deux cents ans plus tôt la guillotine fut actionnée par le bourreau.
Suivant la foule qui se dirigeait rue Royale, je me suis trouvé en face d'un petit groupe -dans lequel je reconnus l'avocat Jean Marc Varaut- transportant une guillotine, qui fut enflammée à l'aide de papier journal.
Je pris le métro, envahi par une foule de royalistes, et me dirigeai vers la basilique de Saint Denis pour y suivre l'office à la mémoire du Roi-martyr.
La basilique était comble. Soudain des applaudissements éclatèrent : ils saluaient l'arrivée du jeune duc d'Anjou -il n'avait pas vingt ans-, accompagné de son oncle et de sa grand mère ainsi que d'un groupe de proches. A mesure que le Prince avançait dans la nef, les applaudissements, tels une vague que nul ne pouvait contenir, s'élevaient sous la voûte sacrée.
La messe en latin dite, le Prince et ses proches descendirent dans la crypte pour s'y recueillir. La foule quittait lentement la basilique pour stationner sur le parvis, attendant la sortie du Prince.
Enfin, le Prince sortit. Alors, de milliers de gorges, retentit le cri ancestral : Vive le Roi!
En face de la basilique, un immeuble était en construction. Les ouvriers qui travaillaient sur le chantier, voyant et entendant cette foule innombrable ovationner le Prince, demeurèrent immobiles, arrêtèrent leur tâche pour ne la reprendre qu'une fois le Prince parti.
Je me souviendrai toujours de cette magnifique journée, où un jeune Prince prit soudain conscience de ce qu'il représentait pour des milliers de français attachés à leur histoire millénaire.